Dossier de la Nouvelle Revue d’Histoire n°57, novembre-décembre 2011
Que Louis XIV ait suscité au fil du temps des sentiments très forts, on ne peut en douter. Il fut admiré et contesté en son temps. Il l’est toujours, même si les raisons ont changé. Pour rendre compte des aspects contrastés du règne, nous avons fait appel aux meilleurs historiens de la période.
Voici 350 ans, en 1661, dès la mort de Mazarin, le jeune roi (23 ans) s’empara du pouvoir par une sorte de coup de force. Pierre-Christian Petitfils en fait le récit détaillé (p. 33). Mais avant d’aller plus loin, et pour fixer les repères d’un très long règne (54 ans), Philippe Conrad et Charles Vaugeois nous en offrent une chronologie précise (p. 37).
Dans la lignée de Richelieu et de Mazarin, Louis XIV a fondé une monarchie « absolutiste » qui fut un modèle aux conséquences controversées. Yves-Marie Bercé, ancien directeur de l’Ecole des Chartes, montre qu’un autre choix eut été possible, celui d’une « monarchie mixte » conforme à une autre tradition française (p. 39). Pour autant, la vie et la gloire du roi sont inséparables de Versailles, palais dédié au Soleil, le Sol Invictus des Anciens, ce que décrit avec passion Yves Branca (p. 42). Excellente historienne, Mme Dulong, membre de l’Institut, évoque ensuite en termes élégants les relations qu’on ne peut éluder du Roi et de certaines femmes qui ont compté pour lui (p. 45).
Louis XIV avoua sur son lit de mort avoir trop aimé la guerre. Sur ce point, on verra que Philippe Conrad se montre plus indulgent que le roi lui-même (p. 19). Nous tournons une autre page avec le recteur Jean-Pierre Poussou qui montre ce que fut l’essor économique trop ignoré du règne (p. 50). Page sombre maintenant : la révocation de l’Édit de Nantes en 1685 que Pierre de Meuse replace dans son contexte sans en masquer les effets négatifs (p. 55). L’un des grands historien du règne, Olivier Chaline, retrace enfin les tragédies intimes et politiques affrontées avec dignité par le vieux roi dans ses dernières années (p. 58). Il manquait à cette fresque le regard d’adversaires qui eurent souvent à souffrir des brutales interventions royales, c’est ce que fait pour nous Éric Mousson-Lestang, bon connaisseur du monde germanique (p. 61). Et en forme de conclusion, on pourra se reporter à l’éditorial de Dominique Venner « sur la grandeur et la gloire » (p. 5).
La Nouvelle Revue d’Histoire