Dossier de la Nouvelle Revue d’Histoire n°52, janvier-février 2011
On connaît le premier vers de l’Énéide : « Arma virumque cano » : Je chante l’arme et la virilité, autrement dit, je chante la guerre et les guerriers. C’était il y a un peu plus de 2000 ans, à l’époque de la formidable restauration de Rome entreprise par Auguste. Virgile savait ce que Rome devait à la guerre, autant dire presque tout. Nous qui sommes les héritiers placides et souvent indignes de la Rome antique, nous pouvons trouver là matière à réflexions. Elles nourrissent notre dossier. Les guerres ont tour à tout des conséquences positives ou funestes. S’il y a un vainqueur, il y a aussi un vaincu. Naturellement, pour de pieuses raisons morales, on peut condamner le principe de la guerre, ce qui ne l’empêche nullement de continuer à s’imposer comme une réalité constante, capitale et souvent décisive de la vie des hommes, quelles que soient leur couleur, leur langue ou leur religion.
C’est autour de cette réalité éternelle de la guerre que nous avons conçu notre dossier. Celui-ci s’ouvre d’abord sur l’éditorial de Dominique Venner (p. 5), puis sur une étude lumineuse consacrée à l’évolution de la guerre par l’un des meilleurs spécialistes français, Hervé Coutau-Bégarie (p. 34). On sait qu’une mode universitaire a longtemps condamné « l’histoire-bataille » au profit de l’histoire sociale. On en est revenu, en reconnaissant que l’une n’exclut pas l’autre. Oui, les batailles jouent parfois un rôle capital dans l’histoire. C’est ce que montre le rappel approfondi entrepris par Philippe Conrad et Charles Vaugeois (p. 39). Quand la guerre a-t-elle commencé ? Depuis toujours, répond Bernard Lugan, en s’appuyant sur ce que montre la préhistoire africaine (p. 46). Est-il surprenant que l’âme européenne ait été forgée par ce poème de la guerre qu’est l’Iliade ? Dominique Venner l’explique en élargissant la réflexion (p. 48). Guerre juste et djihad, le médiéviste Bernard Fontaine examine ces deux versants d’une problématique contradictoire (p. 52). On se devait, bien entendu, d’évoquer la question débattue des femmes dans la guerre, ce que fait Guy Chambarlac (p. 55). En excellent connaisseur de l’histoire napoléonienne, Bruno Colson montre ensuite en quoi Napoléon fut l’inventeur génial de la guerre moderne (p. 56). Pour clore notre dossier, après une réflexion sur l’avenir de la guerre (p. 59), nous avons recueilli un entretien avec le Dr Eckard Michels, spécialiste allemand de la Légion étrangère, corps symbolique entre tous (p. 60)