Les racines de l’Europe. D’Homère à Clovis

1 juillet 2009 | Dossier, NRH

Les racines de l’Europe. D’Homère à Clovis

Dossier de la Nouvelle Revue d’Histoire n°43, juillet-Août 2009

Grande ambition que celle de ce dossier ! Une ambition devant laquelle ont renoncé les dirigeants de l’inconsistante Union européenne. Assumant notre fonction d’historiens, nous nous sommes attachés ici à la découverte des racines de l’Europe, conçue comme un héritage multimillénaire. Très logiquement, nous avons ouvert ce dossier par les poèmes fondateurs d’Homère, conduisant ensuite notre quête jusqu’à l’épanouissement du christianisme européen médiéval symbolisé par Clovis.


Pour les Anciens, Homère était « le commencement, le milieu et la fin ». Notre dossier débute donc par une réflexion charpentée sur l’Iliade et l’Odyssée que propose Dominique Venner. A lire celui-ci, on comprend qu’une vision du monde et même une philosophie se déduisent implicitement des deux grands poèmes.

Les poèmes fondateurs prennent place dans la chronologie de vingt siècles et plus que proposent Charles Vaugeois et Jean Keppel. Elle couvre en détail la longue séquence formatrice que nous avons adoptée.

Cette séquence est bien entendu scandée par l’étape immense de l’empire gréco-romain, selon l’heureuse formule de Paul Veyne. Helléniste et latiniste réputé, Lucien Jerphagnon (Académie d’Athènes) montre ce que fut la personnification impériale sous l’exceptionnel Hadrien. Parallèlement, dans une étude novatrice, l’historien de Rome qu’est Yann Le Bohec (Sorbonne) nous fait découvrir le rôle ignoré de l’aristocratie sénatoriale romaine dans la perpétuation de l’Empire et de la romanité.

En dépit d’immenses perturbations, ainsi que le démontre avec une grande précision le médiéviste Sylvain Gouguenheim (ENS de Lyon), la fin de l’Empire romain d’Occident n’a pas interrompu la transmission de la tradition grecque. Cette continuité est redevable en partie au « miracle franc », comme l’établit l’étude synthétique que nous avait confiée le grand historien Karl Ferdinand Werner (Institut historique allemand de Paris).

De la sorte, nous voici projetés au début du long Moyen Age. Comme le démontre savamment l médiéviste Philippe Walter (université de Grenoble), se conjuguent alors héritage populaire païen et religion chrétienne dans une synthèse féconde.

En conclusion, l’essayiste Denis Bachelot propose une réflexion très neuve et très actuelle sur l’enjeu identitaire capital qu’a toujours représenté le corps de la femme entre l’Europe et l’Islam.