Suite aux attentats qui ont frappé Paris la semaine dernière, nous vous proposons quelques réflexions de Dominique Venner sur le terrorisme tirées de son « Histoire du Terrorisme » publiée chez Pygmalion en 2002.
« Bien que ses racines intellectuelles remontent à 1793, le terrorisme est un phénomène historiquement daté qui surgit dans les vingt dernières années du XIXe siècle et ne cessera de s’amplifier, surtout après la Seconde Guerre mondiale. Il est l’une des manifestations extrêmes de la modernité. Il est l’enfant de la Révolution française et de la révolution russe, de l’ère des masses et des nationalités, celui du monde de la technique et de l’économie. Il est né des grands bouleversements qui ont détruit l’ancien ordre européen. Il est le fils du nihilisme et du chaos. » (…)
« À la différence de formes éphémères bien que redoutables de violences, Brigades rouges en Italie, RAF en Allemagne ou Action Directe en France, le terrorisme islamique n’est pas assimilable à un accès de fièvre ou à un phénomène de génération. Il s’enracine dans des réalités beaucoup plus durables et dans une culture ancestrale de la violence. Des masses nombreuses ont été réveillées et se trouvent durablement mobilisées dans une guerre ethnique qui a commencé au Proche-Orient pour s’étendre ensuite partout où des populations musulmanes sont au contact de populations différentes par les origines, la culture et le comportement. Ce terrorisme est la manifestation d’un « choc de civilisations » d’autant plus furieux que l’espace mondial se rétrécit. Le terrorisme est aussi l’une des manifestations du nihilisme fondamental dont sont atteintes toutes les sociétés « modernes » et qui, perpétuellement, fait surgir de son chaos spirituel des révoltes en apparence absurdes ou démentes. » (…)
« Prenant de la hauteur par rapport à l’événement et à l’histoire des terrorismes depuis 1881, on peut observer une courbe ascensionnelle impressionnante. Cette courbe suit exactement celle du mondialisme au plan politique et du nihilisme au plan philosophique. De 1917 à 1990, l’effort de mondialisation et de destructuration des nations enracinées a été poursuivi conjointement par l’URSS et les États-Unis, dont les perspectives, sur ce point, coïncidaient. Après l’effondrement du communisme soviétique en 1990, un acteur unique, devenu tout-puissant, restait en jeu, les États-Unis, relayés par leurs satellites.
Depuis les grandes catastrophes historiques des deux guerres mondiales, l’Europe n’a plus fait entendre sa voix, exception faite sur le terrain politique, des efforts souvent incompris du général de Gaulle dans les années 1960. N’ayant plus d’existence propre, les Européens ont vécu sous l’ombre portée de deux modèles négateurs d’eux-mêmes, le modèle communiste et le modèle américain. Cet anéantissement n’est certainement pas étranger aux désordres mondiaux et à ceux de l’esprit dont le terrorisme est une manifestation. »