Sur le « coup de gueule » de l’aumônier du 2e REP
Remous dans les Armées ! Le Père Jullien de Pommerol, aumônier du 2ème REP, “fana-mili” et para plus que confirmé, a rédigé un rapport explosif sur sa mission en Afghanistan de janvier à juillet 2010. Ce rapport a « fuité ». On le trouve sur Internet. Notre confrère Valeurs actuelles en a reproduit l’essentiel dans son édition du 20 janvier 2011.
« Il y a des occasions où “fermer sa gueule”, comme on dit en jargon militaire, est parfois coupable ». Ainsi commence le rapport qui poursuit : « Il y a en Afghanistan une volonté de l’armée française de créer un état d’esprit tout à fait déférent et bienveillant face à l’islam. Une crainte presque servile de déplaire à l’islam. » Et le P. de Pommerol cite une collection de faits accusateurs.
Mon premier mouvement est d’abord d’adresser un coup de chapeau à ce militaire qui a le courage de ne pas “fermer sa gueule” devant une situation jugée inacceptable.
En lisant attentivement son rapport, je découvre des pistes de réflexions dont je souhaite faire part à son auteur et à tous ceux qui se sentent concernés.
Jullien de Pommerol s’indigne du fait que les militaires français envoyés dans la République islamique d’Afghanistan doivent fermer les yeux sur des coutumes et mœurs locales choquantes pour un esprit européen. Fermer les yeux, entre autres, sur certains comportements des hommes à l’égard des femmes : « sous prétexte qu’ils sont “chez eux”… Ce qui est mauvais ici devient-il bon 7000 km plus loin ? »
Ce n’est évidemment pas une question de distance géographique, mais de distance de « civilisation ». En effet, ce qui est mauvais pour nous, “chez nous”, en Europe, sera considéré comme bon ailleurs, en Asie, en Afrique ou autre part.
Je comprends et je partage l’indignation du “Padre” devant les scènes qu’il décrit. Mais j’interroge : quelle est la mission de nos troupes en Afghanistan ? Est-ce de faire la guerre (irrégulière) ou de convertir à nos mœurs des populations qui nous sont étrangères, comme à l’époque de la colonisation française si décriée ? Ces deux missions ne sont certainement pas compatibles. Certaines coutumes musulmanes sont inacceptables “chez nous”. C’est un fait. Mais ce sont “leurs” coutumes, “chez eux”. Il s’agit de “leurs” affaires et non des nôtres.
Cette brève réflexion en introduit aussitôt une autre, plus large. Au risque de scandaliser, je ne crois pas que les hommes et les peuples soient semblables. Tout ce que l’histoire et l’expérience vécue m’ont appris c’est qu’ils sont différents. Et leurs différences, aussi choquantes soient-elles, constituent leur humanité. Autrement dit, les hommes d’autres peuples ne sont pas mes frères. Ils sont autres et je respecte par principe leurs différences. Même si cela dégoûte et révolte mes sentiments d’Européen, je ne me reconnais aucun droit de dicter aux autres leur conduite “chez eux”. Qu’ils forniquent ou se maltraitent comme ils l’entendent, ce n’est pas mon affaire. On nous l’a suffisamment rappelé depuis qu’en 1962 les Européens ont été chassés d’Algérie !
Reste la question totalement différente de la présence militaire française en Afghanistan et la façon d’exécuter cette mission en tant que supplétifs des forces américaines. Je renvoie sur ce point au dossier de la NRH n° 49, L’Afghanistan, un sacré piège.
Restent enfin deux questions parallèles évoquées par Jullien de Pommerol. Celle, tout d’abord, des obsèques de militaires français tués au combat. Que de telles cérémonies se déroulent en présence d’Afghans arrogants ou goguenards, c’est scandaleux et intolérable. La dernière question concerne les jeunes femmes militaires françaises en Afghanistan, quasiment contraintes de se voiler. Quelle idée aberrante de les envoyer dans un pays islamique ! C’est la certitude que ces femmes seront humiliées, ce qui est révoltant. C’est aussi la certitude de nous déconsidérer, ce qui est honteux et stupide.
Encore une fois bravo à Jullien de Pommerol d’avoir mis les pieds dans le plat et d’avoir favorisé notre réflexion sur quelques sujets essentiels !
Dominique Venner